Laboratoire de design et interaction - LabDI



De la création d'image-objet mécaniste
à la conception d'expérience transitionnelle

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L'intégration pervasive des réseaux de télécommunications à l'humanité, dans toutes les dimensions de ses rapports sociaux, a transformé radicalement les champs disciplinaires et la pratique du design au fil des décennies.

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De la création d'artéfacts contemplatifs – symbole religieux, image-objet mécaniste ayant peuplé la culture consumériste – nous avons envisagé le médium en tant que message (McLuhan, 1964); apprivoisé la complexité des sciences de l'artificiel (Simon, 1969); le flux de l'expérience optimale (Csikszentmihalyi, 1990); l'être numérique (Negroponte, 1995) et l'extension du Soi en réseau décentralisé; le transhumaniste visant à améliorer les capacités humaines (Bostrom, 2005); l'approche hédonique-pragmatique libérée de la spécialisation (Hassenzahl, 2007), et aujourd'hui, la posture de l'immersion qui amorce la réconciliation des multiples plis de notre existence en une seule réalité enrichie (Courchesne, 2013) unifiant la nature, l'être humain et sa création artificielle.

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Considérant l'état avancé d'adaptation et d'appropriation des technologies numériques dans l'usage quotidien au sein des sociétés civiles, les activités principales de recherche du LabDI visent à formaliser, puis éprouver, de nouveaux modèles théoriques sur l'interaction future de la vie en réseau; par la conception « meso » d'expériences émergeantes à travers la réalité mixte, nous explorons l'innovation sociale et le progrès culturel. Bien que l'optimisation « micro » de modèles existants puisse favoriser un échange plus direct avec la pratique, sa contribution nous est apparue éphémère et peu porteuse envers des objectifs de restructuration. Souhaitant proposer une vision enthousiaste de l'horizon posthumaniste, empreinte de multiples formes artificielles de conscience, nous poursuivons des activités parallèles de recherche centrées sur la conception « macro » d'expériences transitionnelles.
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Photographie : Michel Brunelle   |  vue sur la rue : Google Street View »

Intérêts de recherche
et de création

    Design d'expérience
    Ensemble infini : nature, être humain et artificiel
    Dans la perspective d'un enrichissement expérientiel du cadre de vie de l'être humain aux temps présent et futur, la recherche et la création directement liées au design d'expérience investiguent les conditions de son flux et les variables qui le modulent. Cette approche a pour but de positionner le designer au-devant des impératifs à court terme liés aux besoins actuels et aux technologies existantes. L'étude des mécanismes perceptifs et des capacités cognitives vise à éclairer la conception; les facteurs affectifs, dont l'intensité de l'engagement émotif procuré par l'expérience, sont utilisés afin d'évaluer la pertinence des concepts proposés. Des méthodes scientifiques robustes, issues de l'héritage culturel quantitatif – l'ergonomie et les critères d'usabilité pour l'optimisation de «l'expérience utilisateur» entre autres – contribuent à augmenter la validité des conclusions. Puisque la problématisation d'enjeux est déterminante dans le processus d'innovation sociale, l'élaboration d'une rhétorique du «pourquoi» est favorisée par rapport au «quoi» et au «comment» (Hassenzahl, 2011). Dans une visée plus expressive, voire d'auteur, des expériences artistiques intersubjectives exaltant l'interprétation sont aussi conçues au LabDI.


    Design d'interaction
    Échange enrichissant entre deux entités
    L'interaction humain-machine (HCI) au LabDI est envisagée de manière ouverte, en employant des méthodes retrouvées dans les arts et les sciences. Notre démarche vise d'abord à conceptualiser de nouveaux modes et systèmes d'interaction, plutôt qu'à optimiser ceux existants. La vision (Ishii, 2010) guide la recherche et la création qui s'alimentent des corpus scientifiques en HCI axés «sur les besoins» ainsi que «sur la technologie». Cette approche libère le concepteur des orientations dominantes et l'amène à explorer l'écologie de trois dimensions liées à l'interaction : le design d'état (action), de composante (scène) et de système entier (pièce). Les activités principales de recherche par le projet de Filion-Mallette explorent l'interaction collaborative de la réalité mixte, accessible grâce aux lunettes Meta Space glasses, un dispositif portable affichant sur 40˚ une interface superposée au champ visuel naturel. Afin d'adapter finement l'interaction, les conditions expérientielles en temps réel par des boucles de rétroaction continue mesurant l'engagement émotif et la charge cognitive, des modes d'intelligence artificielle sont à l'étude. L'interactivité traditionnelle via l'interface graphique (GUI) d'une page-écran reste un mode efficace que nous raffinons pour le design de produits et de services. Dans tous les cas de figure, l'humanisation de la technologie en vue d'en favoriser l'usage intuitif et l'acceptation sociale est au cœur de nos préoccupations dans la conception.


    Design de communication
    Évolution naturelle des arts graphiques
    La croissance exponentielle des informations produites par Internet et ses appendices, dès le début du 21e siècle, a grandement complexifié le design de la communication dont le projet est aujourd'hui hybride, polysensoriel et hautement interdisciplinaire, voire transdisciplinaire. Au-delà les compétences mécanistes d'exécution nécessaires à la création d'image-objet statique et isolé, le rôle du designer dans la pratique contemporaine est devenu stratégique; il conçoit et contribue autant en amont qu'en aval du processus de conception. Afin de participer au dialogue décisionnel du projet contemporain de design, un noyau de connaissances transversales, de méthodes partagées et une compréhension des enjeux, matériaux et systèmes de la culture numérique sont essentiels à la pratique. La maîtrise des systèmes génératifs d'information 2D et de visualisation 3D, alimentés par les variables de bases de données, par exemple, semble aujourd'hui incontournable. Grâce à l'intégration pervasive des senseurs ubiquitaires de « l'Internet des objets », les dispositifs portables et les environnements intelligents réactifs connaissent présentement une courbe dont la croissance distribuée est déjà supérieure à celle du Web. Cela risque de bouleverser à nouveau le paysage communicationnel. Le LabDI épouse cette réalité en valorisant le transfert de compétences mécanistes traditionnelles du design, dont la simplification du complexe par la hiérarchisation de l'information (Maeda, 2006). Soulignant dès 2011 les changements majeurs survenus dans la pratique, l'organisme international Icograda (Ico-D) révisa sa mission et remplaça systématiquement le « graphic design » par le « communication design », plus inclusif et représentatif du projet actuel. L'AIGA adapta sa mission en 2012, suivi de la GDC canadienne qui emboîta maladroitement le pas en 2014.


    Réalité mixte
    Espace de migration transhumaniste
    La réalité mixte (Milgram et Kishino, 1994), un environnement de visualisation où les objets physiques et numériques cohabitent, apparaît au LabDI comme l'espace idéal d'expérimentation grâce aux nouvelles possibilités, à la fois conceptuelles, expérientielles et formelles qu'elle permet. Les progrès dans le développement des dispositifs au cours des dernières années ont amené une cohérence des engins de rendus physiques et procéduraux. Les défis de la réalité mixte, autrefois de nature d'abord technologique dans son application primitive, concernent aujourd'hui davantage les designers et artistes; ces défis sont liés à la création polysensorielle, aux conditions du flux expérientiel et à l'interaction humaine collaborative en réseau décentralisé, voire en téléprésence immersive.


    Design fiction
    Restructuration sociopolitique par le design
    Notre intérêt principal de recherche lié à cet axe s'exprime par l'élaboration de scénarios explorant la reconstitution de la quotidienneté, vers un modèle sociétal de gouvernance transhumaniste. Les conditions du changement paradigmatique formulées par Kuhn (1962) sont employées ici pour situer l'état de l'être numérique (Negroponte, 1995), l'avancement de sa révolution nanotechnologique (Kurzweil, 2011), de ses progrès transhumanistes (Bostrom, 2014), dans le but de cristalliser une vision éthique pour la pratique du design. L'étude des manifestations rétrofuturistes, par une forme légère d'archéologie des technologies, de l'objet-image mécaniste culminant au 20e siècle jusqu'à l'intelligence ambiante actuelle, éclaire aussi nos travaux.

Approche du projet

    En prévilégiant la pratique réflexive (Schön, 1983) et le « protocol analysis », le projet de design, et son processus de conception, représentent les matériaux principaux d'un terrain de recherche sur lequel l'action des protagonistes engagés est documentée, modélisée, analysée, puis interprétée.

    La stratégie méthodologique et ses méthodes opérationnalisantes de recherche sont au LabDI assemblées en fonction des objectifs et des enjeux spécifiques des problématiques au cœur de chaque projet. Considérant un contexte disciplinaire singulier (fragilité du noyau théorique, parois poreuses des champs de pratique en mutation, absence de consensus sur la validité des méthodes scientifiques à partager, groupes de recherche émergents), nous estimons qu'il serait aussi se que peu pertinent d'adopter une posture intellectuelle unique et étanche. Néanmoins, dans tous les projets, que leurs enjeux soient sociaux, culturels, politiques, technologiques ou artistiques, nous appliquons la même rigueur scientifique à l'ancrage théorique, l'élaboration du protocole, de même qu'à la modélisation des connaissances tacites extraites pour en assurer le transfert dans la communauté.

    L'approche intégrée de cocréation transdisciplinaire, l'approche systémique et l'approche bio inspirée du métadesign, dont les racines parentes aux théories sur la complexité et les systèmes d'information remontent à la HfG d'Ulm, font partie d'un ensemble dans lequel nous puisons pour découper la réalité et baliser notre terrain de recherche. Les méthodes interdisciplinaires et partagées de ces approches ont l'avantage de favoriser l'ouverture d'un dialogue interdisciplinaire pour et par les collaborateurs.

Chercheurs


Assistants de recherche
et stagiaires

Emmanuel Beaudry M.
Musée Pointe-à-Callière – SAT,
vidéogrammétrie et animation


Phi Nguyen
École de design – UQAM,
veille technologique Web


Victoria Rebelo
Maison Birks,
design de communication publicitaire


Michaël Tougas
Groupe de recherche TERG,
ancrage théorique pour le projet


Mathieu Lacombe / 2013-14
Musée de l'imprimerie du Québec,
design d'expérience et de communication


Gabriel Jasmin
RIDM,
design multi-support


Laurie Larue
Groupe de recherche TERG,
design d'expérience et animation


Alina Lagarde
Marc Kandalaft Design,
design d'identité et de communication


Alina Lagarde
Taller Habitus,
design d'expérience et de communication


Myriam-Zaa Normandin
Chaire UNESCO,
design de communication multiplateforme


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Samuel Charlebois /
École polytechnique fédérale de Lausanne,
design de communication et animation

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Olivier Leblanc-Lussier
Musée Pointe-à-Callière – SAT,
photogrammétrie et design 3D


Olivier Leblanc-Lussier
Musée Pointe-à-Callière – SAT,
photogrammétrie et design 3D


Élyse Levasseur
Musée Pointe-à-Callière – SAT,
design d'interface


Émilie Larocque-Allard
Groupe de recherche TERG,
recherche-création sur l'inconscient


Patricia F. Tremblay
Green Copper,
design d'interface


Maha Rabiyi
Musée Pointe-à-Callière – SAT,
design d'interface


Éléonore Josset
Musée de l'imprimerie du Québec,
design d'identité et de communication


Sarah Ouellet
Ville Saint-Laurent,
design et projection vidéo volumétrique


Ophélie Otou
Théâtre Imago,
design d'identité et de communication


Anouk Rebaud
Groupe de recherche TERG,
design de système collaboratif d'affichage


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Sébastien Camden
École polytechnique fédérale de Lausanne,
design de communication et animation


Collaborer avec le LabDI
L'approche de la recherche par le projet mise de l'avant au LabDI invite des partenaires – autant du milieu universitaire, du secteur parapublic que de l'industrie privée – à contribuer au dialogue interdisciplinaire pour améliorer l'usage au présent et pour conceptualiser les systèmes d'information pervasifs (PIS) de demain. Des designers, ingénieurs, développeurs, archéologues, historiens, pédagogues, artistes et artisans divers participent aux activités.

Afin de collaborer aux projets, pour effectuer un stage ou obtenir toute information supplémentaire sur l'expertise du laboratoire en matière de veille et de développement stratégique, concernant les pratiques émergentes contactez
Ron Filion-Mallette, au sujet de l'éco-emballage contactez Sylvain Allard .


    Intérêts de recherche
    et de création


    Design d'expérience
    Au-delà l'utilisabilité et les facteurs ergonomiques des interfaces optimisées pour l'usage de «l'expérience utilisateur», le LabDI s'intéresse au design du «flux de l'expérience» sur les plans cognitif et sensoriel; plus particulièrement, aux qualités à la fois signifiantes et engageantes de celle-ci grâce aux facteurs affectifs.

    Design d'interaction
    L'interaction humain-machine est envisagée dans une approche souple et évolutive au LabDI, détachée d'un dispositif particulier. Les concepts élaborés visent d'abord à développer de nouveaux modes d'interaction, plutôt qu'à raffiner ceux existants. Notre démarche vise invariablement à humaniser l'innovation technnologique pour son acceptation sociale.

    Design de communication
    Le LabDI s'intéresse, entre autres, aux limites conceptuelles, formelles et systémiques du design de communication de l'emballage durable et de l'espace collaboratif de la réalité mixte. Le design d'information et la visualisation de données sont les deux champs mis de l'avant.

    Design fiction
    Le concept du changement paradigmatique (Kuhn, 1962) est un objet d'étude au LabDI. Nous investiguons des manifestations du rétrofuturisme, de l'image mécaniste du 20e siècle jusqu'à l'expérience systémique du temps présent. Des scénarios transitionnels explorant la reconstitution d'une quotidienneté transhumaniste sont élaborés, vers un modèle sociétal de gouvernance posthumaniste.

    Réalité mixte
    La réalité mixte, un environnement unique de visualisation – qui peut être collaboratif – où les objets physiques et numériques cohabitent naturellement, nous apparaît comme l'un des espaces d'expérimentation actuel parmi les plus fascinants pour les possibilités, à la fois conceptuelles et expérientielles, qu'il permet et les défis, de nature narrative et technologique, qu'il pose.